PAR CRISTINA, SENIOR MARKETING & COMMUNICATIONS MANAGER @ MY JOB GLASSES
Cette année, la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) se tourne vers la jeunesse. Au programme, des sujets tels que l’accès à l’apprentissage, aux études supérieures et au premier emploi ainsi que les conséquences de la crise de la COVID-19 chez les jeunes.
À l’aube de la 25ème édition de la SEEPH, les principaux acteurs en faveur de l’insertion de ce collectif (Agefiph, FIPHFP, LADAPT, UNML, CNCPH, les associations Droit au savoir et 100% Handinamique) se sont associés à l’Ifop. Ensemble, ils ont mené une enquête auprès des 18-30 ans sur les conditions d’accès à l’emploi des jeunes en situation de handicap et les représentations du handicap au travail chez les jeunes.
Si cette étude révèle que les jeunes en situation de handicap partagent les mêmes aspirations que l’ensemble des jeunes quant à leur avenir, elle confirme aussi l’existence d’obstacles et le besoin de miser sur des dispositifs cherchant à faire disparaître les discriminations.
Une recherche d’emploi complexifiée
Parmi les constats frappants de cet observatoire, on observe que seuls 39 % des jeunes concernés évoquent leur handicap sur leur CV contre 57 % qui préfèrent attendre l’échange avec le recruteur. D’après Véronique Bustreel, Directrice de l’innovation à l’Agefiph, « Beaucoup [de jeunes] ont intégré la crainte que le handicap soit un frein lors d’un premier contact. Ces jeunes savent que cela peut être un sujet de discrimination ».
La question se pose quand on sait que 50 % des jeunes en situation de handicap affirment avoir été discriminés lors de leur recherche d’emploi (ce pourcentage grimpe à 63% pendant leur scolarité).
« Il faut encore améliorer la question de savoir parler de son handicap en phase d’embauche puis de ses besoins une fois en poste », affirme Sophie Cluzel, secrétaire d’État au Handicap.
À cela s’ajoute que la recherche d’emploi des jeunes en situation de handicap est presque deux fois plus longue (7,6 mois en moyenne contre 4,2 mois en moyenne) que pour les autres jeunes. Quelles sont les raisons qui justifient ce décalage ? En plus des discriminations déjà évoquées, 82 % des interrogés estiment que le manque d’offres d’emploi proposant un environnement de travail accessible et adapté au handicap persiste. Ils ont donc tout simplement moins de choix parmi les opportunités existantes et doivent attendre plus longtemps pour tomber sur une mission convenable.
Quels critères privilégient-ils au moment de choisir leur futur emploi ?
Si l’ensemble des jeunes juge à 69 % les tâches et missions du poste à pourvoir comme premier critère déterminant du choix d’un emploi, les autres facteurs décisionnels diffèrent pour les jeunes en situation de handicap.
Alors que la localisation géographique constitue le second facteur déterminant pour tous les jeunes (61 %), elle est citée à 68 % par les jeunes handicapés, soit 7 points de plus.
Suivent de près, l’équilibre de vie personnelle et professionnelle énoncé par 65 % des sondés (+14 points vs. les jeunes en général) et l’engagement éthique de l’entreprise mentionné par 42 % (encore +14). La rémunération, quant à elle, est reléguée à la 5ᵉ position, car mentionnée seulement par 36 % des interrogés, soit 7 points de moins. La raison ? Les jeunes atteints d’un handicap semblent prêts à faire plus de concessions salariales pour trouver un emploi adapté.
Quelles sont leurs principales craintes quant à leur futur poste ?
Encore une fois, si l’ensemble de jeunes semblent angoissés par les mêmes sujets, que ce soit de devoir accepter un poste qui ne correspond pas à leurs attentes ou de ne pas trouver de poste rapidement ou à temps, les autres peurs divergent en fonction des participants.
Le fait de devoir accepter un poste avec une charge de travail trop importante tracasse davantage les jeunes en situation de handicap (80 % vs. 60 % pour les autres répondants), tout comme devoir déménager ou travailler loin de chez eux (72 % pour les jeunes handicapés vs. 63 %), ce qui justifie l’importance qu’ils accordent à l’emplacement géographique de leur lieu de travail, comme abordé précédemment.
Enfin, parmi ces jeunes, l’intégration au sein de l’entreprise est aussi une source de préoccupation : 71% craignent de rencontrer des difficultés lors de leur arrivée vs. 58 %.
Un avenir plein d’espoir
On a parlé discriminations, difficultés et craintes, mais heureusement, il y a aussi des éléments positifs : 84 % des jeunes handicapés considèrent que leur emploi est adapté à leur niveau de qualification ainsi qu’à leur projet professionnel. Pour Christophe Roth, Président de l’Agefiph, « il y a urgence à convaincre les employeurs que leur inclusion est un pari gagnant à tous points de vue. Une fois embauchés, les jeunes en situation de handicap s’épanouissent ».
Côté insertion, selon les données de l’Agefhip et la Dares, le nombre de salariés handicapés a augmenté de 28 % entre 2013 et 2018 et 80 % d’entreprises accueillent désormais au moins un collaborateur en situation de handicap. Ces données seraient-elles le fruit des politiques de sensibilisation, des subventions publiques ou d’une combinaison des deux ?
Les jeunes en situation de handicap ont également bénéficié d’opportunités puisqu’en 2020, la signature des contrats en alternance a augmenté de 5 %. Cette évolution devrait se poursuivre suite aux aides octroyées par le gouvernement pour soutenir les embauches de personnes handicapées en contrat d’apprentissage et professionnalisation entre mai 2020 et décembre 2021.
Enfin, pour finir en beauté, faisons le point sur les sentiments éprouvés par la jeune génération face à des personnes en situation de handicap. La solidarité (54 %), la sympathie (42 %) et l’admiration (31 %) sont les mots qui reviennent le plus souvent. De quoi redonner foi en l’avenir !
