Eric Geay, vétérinaire conseil en élevage : “Ma grande satisfaction aujourd’hui, c’est de contribuer au bien-être animal”

Eric Geay
Image d'illustration (SICAREV COOP)

Au contact des animaux depuis plus de 25 ans, Eric Geay est ce que l’on appelle un vétérinaire conseil en élevage. Depuis plus de six ans, il exerce chez Sicarev Coop, une coopérative située à Roanne. Tourné vers la prévention, il œuvre à la bonne santé des animaux qu’il suit dans les exploitations agricoles. Un métier d’avenir, selon lui, à l’heure où le bien-être animal est une question cruciale dans la filière. Nous avons voulu en savoir plus sur sa profession ainsi que l’évolution du métier depuis ses débuts. 

Pouvez-vous nous présenter concrètement votre métier ?

 

Eric Geay : Depuis 2018, je fais du conseil en élevage lors de mes visites. Notre coop, c’est une coopérative bovine et ovine, dans laquelle on trouve environ 80 % de bovins et 20 % d’ovins. 

 

On fait le bilan des problématiques existantes, puis on met en place des mesures préventives pour éviter que les problèmes se renouvellent, avec une approche assez générale. On aborde l’alimentation, l’aspect nutritionnel, la complémentation en oligo-éléments, la boisson, le bâtiment, l’hygiène. Tous ces éléments-là vont être déterminants pour l’état de santé du cheptel.

“On sait qu’on est un maillon de la chaîne pour garantir une alimentation de qualité”

Être vétérinaire et suivre des animaux destinés à l’abattoir, ce n’est pas difficile à gérer au quotidien ? 

 

E.G. : Je le vois comme une sorte de responsabilité. On sait qu’on est un maillon de la chaîne pour garantir une alimentation de qualité. Travailler sur cet aspect donne du sens à notre métier. On entend beaucoup parler du bien-être animal et il est indéniable qu’il est à la base de la bonne santé des troupeaux. Il y aura toujours des cas d’élevages mal gérés, mais la majorité des éleveurs font du bon travail et sont depuis très longtemps attachés à cette notion. La rentabilité, cela passe aussi par le bien-être des animaux. 

 

 

Qui sont les éleveurs qui font appel à vous ? 

 

E.G. : Au sein de la coopérative, on suit environ 2 500 adhérents, c’est-à-dire des éleveurs qui adhèrent à notre service sanitaire, sur un total de 8 000. Nous réalisons au minimum une visite par an : on passe un moment avec l’éleveur pour bilanter les problèmes, mettre en place des mesures correctives, organiser les traitements antiparasitaires et la vaccination. Cette visite obligatoire dure entre ¾ d’heure et 2 heures, parfois 2h30 ou plus si nécessaire. En dehors de ça, nous avons une communication régulière par téléphone. Comme on connaît bien l’élevage, on peut résoudre certaines choses à distance. 

 

L’objectif principal, c’est que les animaux soient en bonne santé pour éviter le recours aux antibiotiques. La réduction des antibiotiques est un enjeu majeur dans le secteur. Beaucoup de problématiques peuvent être résolues autrement. Il y a des leviers à travailler en amont pour éviter d’en arriver là.

“Il faut travailler en amont et avoir une vision plus large des problématiques”

Image d'illustration (SICAREV COOP)

Quel était votre domaine de spécialisation avant 2018 ?

 

E.G. : J’étais vétérinaire, mais je n’avais pas la même approche. J’étais dans une structure avec plusieurs associés, où l’on faisait à la fois de la médecine rurale et de la médecine canine.

 

À l’école vétérinaire, on est formaté pour être des “vétérinaires pompiers”, comme on dit, c’est-à-dire des professionnels qui interviennent en urgence quand il y a un problème. Mais je suis de plus en plus convaincu qu’on n’aborde pas le problème du bon côté. Il faut travailler en amont et avoir une vision plus large des problématiques.

 

En parallèle, j’ai eu des problèmes de santé qui ne m’ont pas permis de continuer mon activité traditionnelle. Physiquement, ça devenait difficile. J’ai donc dû prendre du recul. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser aux mesures de prévention, déjà en cabinet traditionnel. 

 

Sans orgueil, en toute humilité, cette expérience de terrain me permet de mettre en place les mesures nécessaires pour prévenir les problèmes.

Quel a été votre parcours pour en arriver à votre métier actuel ? 


E.G. : Mon parcours est tout à fait classique : j’ai fait un bac scientifique, une prépa véto puis une école pendant 4 ans à l’école vétérinaire de Nantes. En 4e année, on pouvait choisir une spécialisation : j’ai choisi la production animale, ce qui m’a donné une première approche plus industrielle avec des notions de prévention, de vaccination. J’avais déjà une appétence pour le préventif, finalement.

“Je veux être vétérinaire depuis que j’ai 7 ans”

Vous saviez depuis toujours que vous vouliez travailler avec les animaux ? 

 

E.G. : Depuis tout petit ! Mes parents me disent que depuis l’âge de 7-8 ans, je voulais être vétérinaire, et je n’ai jamais dérogé. 

 

 

Quelles compétences faut-il pour exercer votre métier, selon vous ?

 

E.G. : Il faut du calme, de la patience et de l’observation. L’éleveur a souvent déjà la solution à son problème entre les mains. Le tout, c’est de l’orienter sur la bonne voie pour qu’il mette en place les bonnes pratiques. On apporte des indications, on montre par A + B que certaines mesures de prévention, comme la vaccination, sont plus efficaces qu’un traitement en urgence quand l’élevage est déjà touché par une épidémie.

 

 

Quelle est votre journée type ? 

 

E.G. : Je n’en ai pas vraiment. J’ai des journées avec plusieurs visites d’élevages, des journées d’administratif, de par ma fonction des missions d’encadrement de personnes, des missions de formation, car il y a une grosse notion de formation chez nos équipes techniques. Il y a aussi les commandes de médicaments, les rencontres avec les laboratoires, les fournisseurs de matériel, les fournisseurs d’aliments ou de solutions nutritionnelles.

“On est encore une profession encore très orientée sur le médical”

Quelle est votre plus grande satisfaction ? 

 

E.G. : Je dirais qu’avant, j’avais beaucoup de frustration à essayer de soigner des animaux qu’on savait déjà perdus. Ma grande satisfaction aujourd’hui, c’est d’avoir les moyens et les leviers pour contribuer au bien-être animal. Quand je conseille des protocoles de vaccination, et que l’année d’après, on me dit que ça s’est bien passé, j’ai la faiblesse de penser que c’est parce que j’ai fait du bon boulot (rires). Quand l’éleveur adhère aux conseils qu’on lui donne, et qu’on constate des améliorations, on ressent forcément une grande satisfaction. 

 

Vous êtes ambassadeur sur My Job Glasses. C’est important pour vous de transmettre la réalité de votre métier ? 

 

E.G. : J’ai le goût du partage. 90% des étudiants qui me contactent ont déjà une idée du métier de vétérinaire mais ne savent pas trop comment y arriver. D’autres ont pas mal de questions sur le rôle de vétérinaire conseil. 

 

Je leur dis qu’il n’y a pas de formation vétérinaire conseil en tant que telle. On le devient souvent en deuxième partie de carrière, car l’intérêt est aussi de s’appuyer sur son expérience.

 

On est encore une profession encore très orientée sur le médical et pas sur la prévention en amont. Mais je sais que pas mal de confrères s’y intéressent de plus en plus. C’est positif car, pour moi, c’est vraiment une bonne approche de la profession.

Et maintenant ?

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