Grégory Chardon, arboriculteur et viticulteur : “Mes échanges sont d’une richesse que je n’aurais jamais connue dans un bureau”

Gregrory Chardon

Quand Grégory reçoit notre appel téléphonique, il se trouve dans ses récoltes. Ce producteur de fruits, situé en Auvergne-Rhône-Alpes, surveille son exploitation familiale comme chaque jour – ou presque – depuis 25 ans. Pendant qu’il arpente ses champs, l’ambassadeur My Job Glasses du programme “Des métiers qui nourrissent” a accepté de répondre à nos questions sur son métier, sur le secteur agricole et ses évolutions depuis plusieurs décennies. 

Bonjour Grégory. Pouvez-vous nous présenter concrètement votre métier ?

 

Grégory Chardon : Je produis des fruits, des pêches, des abricots, des cerises et des vignes. Je les commercialise via deux coopératives car je ne vends pas moi-même. Depuis 25 ans, je gère l’exploitation familiale qui existe depuis mon grand-père. Mon père l’a ensuite reprise, puis moi. J’ai travaillé avec mon père pendant 15 ans, avant qu’il ne prenne sa retraite. 

 

 

En ayant grandi dans cet univers agricole, c’était une évidence pour vous d’en faire votre métier, non ?

 

G. C. : Alors non, pas du tout ! Moi, à la base, je n’ai pas fait des études agricoles classiques. J’aimais d’abord beaucoup la géographie. Mais après avoir redoublé la fin de mon lycée et avoir obtenu un “bac C” (l’équivalent d’un baccalauréat scientifique, ndlr), j’ai pris conscience qu’il fallait que je change mon fusil d’épaule. 

 

J’ai donc dit à mon père que je voulais faire un BTS. Il m’a trouvé un patron d’exploitation agricole juste à côté de chez nous. Pendant 2 ans, j’étais en alternance chez lui, puis j’y ai travaillé un an en tant que salarié. J’ai dû partir faire mon service militaire, j’étais parmi les derniers avant que ce ne soit plus obligatoire. Pendant ces 10 mois, j’ai bien réfléchi et j’ai pris la décision de m’installer avec mon père à mon retour. 

C’est un métier où “il y a toujours des imprévus

Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer votre métier ?

 

G. C. : Je dirais de la motivation et de la passion. On a tout de même un métier difficile. Il y a toujours des imprévus : de l’orage, de la grêle, du gel, une crise fruitière, un problème sanitaire. Il faut aussi avoir une approche managériale des salariés qu’on emploie, puisque j’ai deux salariés permanents. Il ne faut pas avoir peur de partir en réunion de formation et avoir, évidemment, un minimum de connaissance en gestion d’entreprise. 

 

 

Quelle est votre journée type ?

 

G. C. : C’est quasiment du non-stop, pour ma part. Ça commence le lundi matin et ça s’arrête le dimanche soir. Le week-end c’est souvent du travail de bureau. Si ce n’est pas du travail physique comme la taille, la récolte ou les vendanges, il y a toute la gestion, la création de nouveaux tableaux, les payes. Mais dès qu’on peut partir quelques jours, on prend le temps. C’est aussi ça, l’avantage de l’indépendance. 

“Avoir une équipe qui m'entoure et qu'ensemble, on forme un noyau solide”

Grégpry Chardon

De quelles façons votre métier vous épanouit-il au quotidien ?

 

G. C. : Planter un arbre et arriver à la récolte, par exemple. Ramasser de très bons fruits. Avoir une équipe qui m’entoure, et, qu’ensemble, on forme un noyau solide. Mes échanges sont d’une richesse que je n’aurais jamais connue dans un bureau. Par exemple, la semaine dernière, c’était mon anniversaire. J’ai demandé à mes salariés de finir plus tôt, et je leur ai payé un verre. Ils étaient surpris et ravis. 

 

Il y a aussi l’innovation, qui est passionnante. J’effectue des recherches variétales sur nos pêches nectarines et nos sanguines, par exemple. Au niveau de la protection phytosanitaire, on fait aussi beaucoup d’observations dans nos vergers. Je me suis entouré d’un nouveau cabinet de conseil pour progresser techniquement et développer des méthodes alternatives. On fait moins de traitement systématique : on essaie de trouver un équilibre où le verger lutte quasiment seul contre les ravageurs et la maladie. 

 

Quelles évolutions avez-vous constatées en 25 ans ?

 

G. C. : À partir des années 2010, j’ai observé les effets du dérèglement climatique : on a eu des épisodes de grêle inattendus et de plus en plus violents. J’ai donc dû investir dans des filets paragrêle afin de protéger les abricots et les pêches. Depuis 6 ans, j’ai aussi ajouté des filets paragrêle dans les vignes. Ça rajoute beaucoup de main-d’œuvre et du boulot supplémentaire. Mon exploitation, qui n’était pas sujette au gel, a aussi connu des épisodes assez sévères. J’ai donc dû investir dans deux tours antigel, qui est une éolienne qui brasse de l’air et réchauffe les vergers. C’était un gros investissement. 

 

Au niveau informatique, j’ai aussi désormais des outils d’aide à la décision agricole, appelés des OAD, qui m’aident à suivre et tracker les températures en temps réel, par exemple ou la saisie sur mon smartphone des données d’exploitation. 

“Il faut de la gnaque, ne jamais rien lâcher”

Vous êtes ambassadeur My Job Glasses depuis peu de temps. Quel message essaierez-vous de transmettre aux jeunes qui vous contacteront ?

 

G. C. : Que c’est un métier passion. Il faut de la gnaque, ne jamais rien lâcher dans les difficultés. Quand on fait une bonne saison, de bons volumes, qu’on récolte des fruits de qualité, c’est le travail de l’année qui est récompensé. Effectivement, depuis quelques années, c’est plus difficile par rapport au changement climatique, mais il ne faut jamais baisser les bras. On peut avoir deux ou trois années difficiles, et puis la quatrième est d’un seul coup exceptionnelle. Ça reste un métier gratifiant. 

 

Souvent, les jeunes n’ont que la partie théorique de l’école et ils ont besoin d’avoir une ouverture sur l’extérieur. C’est pour ça que je suis sur My Job Glasses. Pour les sensibiliser. C’est très important, la transmission.

 

Et maintenant ?

Le parcours de Grégory vous inspire ? Vous souhaitez en savoir plus sur “Des métiers qui nourrissent” ? 

N’hésitez pas à contacter des ambassadeurs du secteur agricole pour en savoir plus sur tous les métiers qui le composent.