Julie Kurek est l’exemple même d’un parcours atypique, d’une carrière qui se réoriente à plusieurs reprises avec succès. Aujourd’hui qualiticienne dans l’aéronautique chez Liebherr Aerospace Toulouse, elle avait pourtant débuté dans les langues vivantes avant de poursuivre dans le milieu viticole. Son fil rouge ? La relation client. Entretien avec une passionnée.
Vous êtes qualiticienne chez Liebherr Aerospace Toulouse. Qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Julie Kurek : Je suis même qualiticienne clients. Je précise, car le domaine de la qualité compte une grande diversité de métiers. J’occupe ce poste depuis mars 2023, cela fait donc un peu plus d’un an et demi.
Mon rôle au sein de Liebherr Aerospace Toulouse, c’est d’être garante de la qualité des produits – nous vendons des équipements pour le traitement de l’air dans les avions – que nous livrons au client. Je fais “l’interface”, une sorte de trait d’union entre le client et l’entreprise.
“Je suis la voix du client au sein de l’entreprise
et la voix de l’entreprise auprès du client”
En fait, j’ai deux casquettes. La première, c’est que je suis représentante du client au sein de l’entreprise, je défends son intérêt. Dans le cadre de la relation commerciale avec le client, nous avons des engagements, des contrats, des prérequis qualité. Je dois donc m’assurer qu’on respecte bien les contrats et les attentes des clients en termes de qualité.
La deuxième, c’est que je suis la voix de l’entreprise auprès du client. Il m’arrive parfois de négocier avec le client, car ses demandes et requis peuvent être incompatibles avec le fonctionnement de nos processus et nos capacités.
Au quotidien, quelles sont vos missions ?
J. K. : Dans le cadre d’une problématique qualité détectée par le client, par exemple, je me dois de lui fournir une analyse, déterminer s’il y a un risque ou non, expliquer comment ce défaut est survenu et enfin proposer un plan d’action associé pour résoudre ce problème afin qu’il ne se reproduise pas.
Il y a toute une méthodologie associée. Je vais travailler avec d’autres “interfaces” en interne, mes homologues qualité en production et fournisseurs, ainsi qu’avec les ingénieurs du bureau d’études, pour analyser et mettre en place le plan d’action.
Quand elle fait face à une problématique qualité majeure en interne, l’entreprise doit communiquer auprès des clients pour faire revenir les produits, proposer des solutions de remplacement ou des retouches. Cette communication est effectuée par le qualiticien client.
En cas de problématique mineure, mes collègues me consultent pour voir si ce défaut cosmétique ou esthétique peut être accepté par le client, bien que celui-ci ait le droit de le refuser. Soit je connais la réponse et je réponds, soit j’entame une discussion avec le client pour obtenir son approbation.
“J’ai un parcours atypique.
On est beaucoup à être tombé par hasard dans la qualité”
Via vos études, vous vous étiez destinée au secteur de la qualité ?
J.K. : Pas du tout ! J’ai un parcours atypique. On est beaucoup à être “tombé” par hasard dans la qualité. C’est une sensibilité à avoir. Moi, à la base, je suis issue d’une formation en langues, j’ai un DEUG en langues étrangères. Une fois que je l’ai validé, je me suis spécialisée en poursuivant par une licence pro œnotourisme, dans le développement touristique des domaines viticoles français. À l’époque, il n’y avait que deux formations en France.
J’ai ensuite travaillé dans l’export pour une PME du domaine viticole, dans la région toulousaine. Je gérais toute la partie relation client, gestion des commandes, douane, livraison, même un peu d’achat, ainsi que la relation fournisseurs. J’ai fait ça pendant 6 ans.
Vous avez eu ensuite envie de changer de voie ?
J. K. : Oui, c’est ça. Au bout de 6 ans, j’ai eu envie de voir autre chose. Le contexte de la PME est très enrichissant, mais on est limité quand on veut évoluer et prendre des missions transverses.
“Je ne connaissais rien à cette industrie mais je me suis dit que j’allais quand même tenter ma chance”
Je me suis donc retrouvée face à un choix, car le milieu viticole n’est pas non plus très développé dans la région : je pouvais soit rester dans le même secteur mais quitter la région, soit rester dans la région et changer de secteur. Il se trouve que l’aéronautique est un secteur en plein essor et extrêmement actif dans la région toulousaine. Je ne connaissais rien à cette industrie mais je me suis dit que j’allais quand même tenter ma chance. Pour moi, cela reste de la relation client.
J’ai commencé à travailler pour Liebherr Aerospace Toulouse en 2019 – dans l’entreprise dans laquelle je suis aujourd’hui- , sur un poste de gestionnaire administration des ventes. Ça m’a permis d’étoffer mes compétences et mieux comprendre l’entreprise et les produits. Au bout de 3 ans, j’ai de nouveau voulu évoluer. J’ai regardé ce qui existait en interne : une opportunité s’est présentée et j’ai saisi ce poste de qualiticienne client.
“Le fil rouge de ma carrière, c’est la relation client”
Il y a une grande différence entre l’industrie agroalimentaire et l’aéronautique ?
J. K. : Oui, et non. Dans les grandes lignes, on passe d’un matériau brut à un produit fini. Au final, je vends un produit au client et il faut que je sache comment il est conçu.
En revanche, la rigueur est, à mon sens, peut-être encore plus stricte car il faut répondre à des normes, des réglementations de navigabilité. On fait quand même voyager des passagers !
Après, les compétences ou les prérequis pour travailler dans cette industrie ne sont pas si différents que dans une autre entreprise. Moi, humainement, je dirais que je sais faire preuve d’une certaine rigueur. J’ai aussi un intérêt pour l’amélioration continue.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
J. K. : Le fil rouge de ma carrière, c’est la relation client. Ce qui est important pour moi, c’est le contact client, garantir sa satisfaction et entretenir sa confiance. C’est ce qui m’a amenée à m’intéresser à la qualité. J’ai toujours pris le parti de communiquer et d’être transparente. Si je n’ai pas d’information, par exemple, je le leur dis.
“Quel que soit notre âge, notre vécu, notre carrière, on peut toujours découvrir un autre secteur”
Vous avez réalisé plus de 20 entretiens sur My Job Glasses depuis votre inscription il y a moins d’un an.
Quel est le bilan tirez-vous de ces rencontres professionnelles ?
J. K. : Mon but, au moment de m’inscrire sur My Job Glasses, c’était de mettre en avant mon parcours de reconversion professionnelle atypique.
En sortant de mes études, je ne pensais pas que je travaillerais dans l’aéronautique, mais j’ai toujours été portée par la responsabilité et la relation client.
Je me suis dit qu’il fallait que je partage cette expérience.
C’est intéressant de montrer que ce n’est pas parce qu’on se destine à un métier en sortie d’études qu’on fera ce métier toute sa vie.
C’est un message aux personnes en reconversion professionnelle : quel que soit notre âge, notre vécu, notre carrière passée, on peut toujours découvrir un autre secteur.
Ces rencontres ont-elles eu un impact sur la façon dont vous voyez votre propre carrière ?
J. K. : Ces échanges sont extrêmement enrichissants. Toutes les personnes avec qui j’ai pu discuter venaient d’horizons différents, de secteurs très variés. Certaines se demandaient si en choisissant tel ou tel diplôme, elles allaient être contraintes de rester dans ce secteur. D’autres étaient intéressées par le métier de qualiticien, d’autres étaient en reconversion professionnelle.
Toutes ces discussions ont remis les choses en perspective pour moi. Ça m’a fait prendre conscience de la chance que j’ai d’avoir osé me reconvertir et de découvrir ces belles expériences qui m’ont permis d’en arriver où je suis aujourd’hui.
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