L’électricité, elle connaît. Les bateaux aussi. Sur le bout des doigts, même. Pendant quatre ans, France a réparé en atelier les pièces électriques des bateaux de la Marine nationale, dans le port de Toulon. Et avant ça, elle avait passé plus de 11 ans en mer en tant qu’électricienne navale. Nous avons souhaité l’interroger pour en savoir plus sur une carrière mouvementée, passionnante et électrique. Évidemment.
Pouvez-vous présenter concrètement votre métier ?
France T. : Alors moi, je travaille en atelier. Pour schématiser, je dis souvent aux candidats que je travaille dans l’équivalent d’un garage automobile mais dans la Marine nationale. On reçoit toutes les pièces électriques d’un bateau en atelier pour les réparer, que ce soit du préventif ou du correctif. C’est-à-dire des alternateurs et tout ce qui est moteur : du petit moteur pour un essuie-glace de passerelle jusqu’au gros moteur qui fait tourner un bateau.
On a évidemment des délais à respecter, parfois même des urgences, notamment pour les bateaux qui doivent partir en mission très rapidement.
“J’ai toujours été plus à l’aise avec un tournevis qu’avec un stylo”
Pourquoi avoir choisi l’électricité ? Et la Marine nationale ?
F.T. : J’ai toujours su que je voulais travailler dans un domaine manuel. En réalité, je n’ai jamais été très scolaire. J’ai toujours été plus à l’aise avec un tournevis qu’avec un stylo !
Et puis, il faut dire que j’ai grandi à Toulon, au bord de la mer. Mon grand-père a fait deux ans dans la Marine nationale, puis deux ans dans la Marine marchande. Ça a sans doute joué !
Quel a été votre parcours pour en arriver à votre poste actuel ?
F.T. : Moi, je suis entrée avec un bac pro électrotechnique. Mais dans la Marine, on valorise aussi les compétences acquises à titre personnel. Donc on peut avoir des compétences en électricité, sans diplôme, et être tout à fait légitime.
J’ai un profil particulier : j’ai commencé comme électricienne navale. Et au bout de 11 ans, j’ai demandé à changer pour devenir électromécanicienne navale en atelier. Et depuis deux ans, je suis passée au recrutement !
“Quand on rentre, on a une autre vision du monde”
Pourquoi un tel changement ?
F.T. : Quand on est jeune, c’est bien de voyager. Avant, j’étais tout le temps sur un bateau, avec de nombreux départs en mer. La plus longue mission que j’ai faite a duré 5 mois et demi. Être militaire demande du temps et des sacrifices. J’ai manqué des moments importants, comme des décès dans ma famille, mais on sait que c’est le jeu.
En contrepartie, il y a un fort esprit de cohésion. On est 200 dans le même bateau, donc on se serre tous les coudes. C’est aussi une opportunité incroyable de découvrir d’autres pays et civilisations. J’étais principalement du côté de la Méditerranée, au Moyen-Orient. Quand on rentre, on a une autre vision du monde, on est moins centré sur soi-même.
Mais au bout d’un moment, j’ai eu envie de me poser et de fonder une famille.
Aujourd’hui, vous êtes chargée du recrutement dans la Marine. Vous pouvez nous en dire plus ?
F.T. : Je suis restée 4 ans en atelier et ensuite, j’ai voulu partager mon expérience. Je me suis donc orientée vers le recrutement. Depuis deux ans, je fais du recrutement pour tous les corps de métier de la Marine. Je ne reçois pas de candidats directement, mais je les contacte et je les oriente vers le centre de recrutement de leur région. Je travaille aussi avec les réseaux sociaux et Pôle emploi.
C’est une autre carrière, mais ça me plaît tout autant que mon métier précédent. C’est très intéressant et ça me permet de transmettre mes valeurs. Je suis aussi porte-drapeau et j’anime les Journées Défense et Citoyenne.
“L’électricité, en atelier ou sur un bateau, offre un quotidien varié”
Quand des jeunes filles vous contactent, sur My Job Glasses ou dans le cadre d’un recrutement, quels conseils leur donnez-vous ?
F.T. : Beaucoup de jeunes filles pensent que la Marine n’est pas faite pour elles, ou elles pensent qu’elles ne peuvent y être que secrétaires. C’est évidemment faux. Dans la Marine, il y a aussi des hommes secrétaires !
Je leur conseille d’avoir un minimum de caractère pour s’imposer. Quand je suis entrée, il y avait beaucoup moins de femmes. À l’époque, les bateaux n’étaient même pas féminisés, par exemple. Et petit à petit, les choses ont évolué. La Marine, en fait, c’est comme une petite ville : les femmes ne sont pas cantonnées à des postes administratifs. J’encourage aussi les jeunes filles à explorer d’autres voies. L’électricité, par exemple, ce n’est pas de la mécanique pure. Aujourd’hui, tout est automatisé, on a moins les mains « dans le cambouis » qu’avant. Si une fille aime bricoler et le travail manuel, c’est une expérience unique à vivre.
L’électricité, en atelier ou sur un bateau, offre un quotidien varié. Il n’y a pas de routine, on apprend tous les jours. Et il y a beaucoup de formations. On peut entrer avec un niveau 3e et évoluer tout au long de sa carrière ! Grâce à la formation continue, j’ai par exemple pu obtenir un BTS en management. Et je prévois maintenant de demander une formation en menuiserie.
La menuiserie… Ce sera toujours pour exercer dans la Marine ?
F.T. : Non, pas du tout. D’ici 4 ans, j’aurai 20 ans de Marine et je pourrai prendre ma pension (l’équivalent de la retraite, ndlr). J’aimerais m’installer en montagne et pourquoi pas monter une entreprise en menuiserie ou ébénisterie. D’où ma demande de formation !
Et maintenant ?
L’électricité vous intéresse ? Le parcours de France vous a éveillé votre curiosité ? N’hésitez pas à contacter l’un de nos ambassadeurs de la Marine nationale pour lui poser toutes vos questions ! Vous n’êtes peut-être qu’à quelques clics de votre future vocation !