
Marion Le Batard fait partie d’un secteur où les femmes se font rares : au total, elles représentent en effet seulement 12 % des salariés du BTP. La directrice travaux, qui exerce depuis 18 ans chez Soletanche Bachy, nous a raconté son parcours d’orientation, détaillé la réalité de son métier et nous a partagé son engagement – notamment via My Job Glasses – pour inciter les femmes à la rejoindre.
“Au départ, ce qui m’intéressait, c’était de casser du caillou”. Marion Le Batard a toujours eu une passion pour la Terre. “Je voulais voir comment elle évolue. Comprendre pourquoi cette montagne est là, par exemple.” Cette directrice travaux chez Soletanche Bachy, filiale de VINCI Construction, leader en fondations spéciales, effectue ainsi dans un premier temps des études de géologie.
“En fait, quand j’étais ado, je voulais rentrer dans l’armée. Mais ça ne s’est pas fait.” Au lycée, Marion se tourne alors vers la SVT, notamment lors d’un voyage scolaire qui lui ouvre les yeux sur sa passion. “On est parti observer des événements géologiques. C’était génial. J’ai pris ce goût des cailloux. J’ai voulu continuer là-dedans.”
Être seule pendant 3 mois devant un microscope ? “Ce n’est pas fait pour moi”
L’étudiante décide d’intégrer UniLaSalle à Beauvais, école d’ingénieur en géologie qui se déroule en cinq ans, avec prépa intégrée. Elle y effectue un stage de 3e année à l’IFREMER, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer. Pendant deux mois, voilà que Marion part en mission océanographique, voyage du Mexique à la Nouvelle Calédonie. “Et puis, je me suis retrouvée seule dans un labo devant mon microscope pendant trois mois. Je me suis dit oulala, être seule dans un environnement fermé, ce n’est pas du tout fait pour moi.”
Ce sera donc le changement de voie : direction la géotechnique, c’est-à-dire la science de la mécanique des sols, qui est indispensable à la construction des bâtiments. “À l’époque, et c’est encore le cas, les meilleurs dans ce domaine, c’est Soletanche Bachy. Je voulais donc absolument y travailler.” Cela fait désormais 18 ans que Marion exerce dans cette entreprise de travaux publics.
“Ce qui est génial dans ce métier, c’est qu’il n’y a pas de journée type”
Tunnels, parkings, métros, postes à quais dans les ports… Marion construit “tout ce qui ne se voit pas.” “On travaille dans le sol donc on voit rarement ce qu’on fait, mais cela reste très utile.”
Être directrice de travaux, pour Marion, c’est être une sorte de “chef d’orchestre”. C’est aussi la suite logique d’un conducteur de travaux, si ce n’est que les chantiers sont plus grands, et les responsabilités, plus importantes.
“Moi, mon rôle, c’est de mettre en mouvement différentes parties prenantes, les différents secteurs de mon entreprise : le bureau d’étude, les ouvriers, tout ce qui concerne le matériel, les acheteurs… Réaliser les travaux comme les chargés d’affaires les ont acquis, dans un budget et un délai impartis.”
Son rôle, c’est aussi de superviser les ingénieurs travaux qui eux, sont présents sur les chantiers. “J’ai à me déplacer aussi mais ponctuellement. C’est un panaché. Ce qui est génial dans ce métier, c’est qu’il n’y a pas de journée type, pas de lieu type. Quand on est curieux comme moi, on change de lieu, d’équipe, de projet, ça permet de papillonner de chantiers en chantiers, d’expérience en expérience, tout en s’enrichissant.”
“Pour moi, les métiers d’hommes, ça n’existe pas”
Marion en convient : dans son environnement de travail direct, les femmes sont peu nombreuses. Lors de ses études, elles représentaient ainsi seulement 30% de sa promotion.
“Pour moi, les métiers d’hommes, ça n’existe pas. Le secteur que j’ai choisi, la géologie, n’est pas un secteur très féminin, comme toutes les sciences, mais moi je n’ai jamais ressenti que c’était un métier masculin. Les femmes y sont aussi bien accueillies que les hommes. Maintenant que j’ai la quarantaine, je dirais que le plus difficile, c’est surtout le frein que se mettent les femmes elles-mêmes. Elles ne s’autorisent pas à poursuivre de tels métiers.”
La directrice travaux constate une désertion des femmes aux alentours de 30, 35 ans. “Elles commencent à se dire que c’est un métier souvent itinérant, un métier qui nécessite de se lever tôt, d’avoir de grandes amplitudes horaires.” Marion, elle, décide de poser des limites. De prendre du recul et de déléguer davantage. “Il y a le chef de chantier ainsi que le chef de poste, qui sont là pour superviser l’opération en cours. Ce n’est pas moi qui vais vérifier que le béton se coule bien. Si je ne donne pas l’exemple, tout le monde va rester jusqu’à 20 heures pour faire du présentéisme et c’est contre-productif. Moi j’ai toujours misé sur l’efficacité d’abord.”
“Je crois beaucoup aux rôles modèles. C’est un sujet clé”
Engagée dans l’association Elles Bougent et ambassadrice My Job Glasses depuis 2022, Marion essaie donc d’encourager les jeunes, filles comme garçons, à d’abord comprendre ce qui leur correspond. À ne pas se jeter à corps perdu dans un métier par seul goût de la simplicité.
“Moi, j’ai toujours eu des stages qui m’ont permis de savoir ce que je ne voulais pas faire. C’est ce que je dis aux jeunes, c’est de faire le plus de stages possible. De se demander qu’est-ce que j’aime, qu’est-ce que je n’aime pas. Je les pousse à mieux profiter du temps qu’ils ont pour tester et aller dans plein de directions. Ça permet de refermer le spectre des choix.”
Quant aux femmes, plus spécifiquement, Marion estime qu’il y a encore un vrai travail à faire pour les inciter à rejoindre ces métiers. “Je crois beaucoup aux rôles modèles. C’est un sujet clé pour se sentir représentées. Ce sont les échanges et les dialogues qui permettent de faire évoluer les choses et d’avoir plus de femmes dans ces domaines.”
Sur My Job Glasses, Marion met un point d’honneur à répondre à toutes les sollicitations, que ce soit des garçons ou des filles. “Mais évidemment quand c’est une fille qui me sollicite, j’appuie mon discours. J’essaie de lui donner envie de s’engager. Je lui dis que tout est faisable, tout est possible. Il n’y a aucun frein.”
Et maintenant ?
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