Florence Olivier, directrice de l’usine Airbus Atlantic de Saint-Nazaire, manageuse née et passionnée d’industrie

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Difficile de faire un parcours plus inspirant que celui de Florence Olivier, ingénieure en matériaux devenue manageuse dans l’aéronautique depuis plus de 24 ans. Aujourd’hui directrice de l’usine Airbus Atlantic à Saint-Nazaire, elle a accepté de répondre aux questions de la CEO de My Job Glasses, Emilie Korchia, à l’occasion d’un webinaire passionnant. Extraits choisis. 

Florence Olivier est une femme d’action. Elle est passionnée d’industrie, mais aussi de connexions humaines. Cela fait plus de 24 ans que l’actuelle directrice de l’usine Airbus Atlantic de Saint-Nazaire exerce dans le monde de l’aéronautique, au sein de différentes usines manufacturières. Tout au long de son parcours, elle a pu évoluer dans la Supply Chain, la fabrication ou encore le service client. Et ce, toujours en tant que manageuse. 

Un parcours porté par “ses envies de maths et de physique”

Depuis 2023, Florence dirige une usine spécialisée dans la réalisation de pièces élémentaires, complexes ou à haute valeur ajoutée. “Nous construisons l’ensemble des systèmes qui composent l’avion. L’encadrement du cockpit, les panneaux de fuselage, les rails des sièges qui permettent de les tenir… Même la tuyauterie d’oxygène pour les pilotes ou la tuyauterie de l’air conditionné, ce qui est très important.”

 

Quand on lui demande si c’est toujours ce qu’elle a eu en tête étant enfant, on ne peut pas tomber plus loin du compte. “En toute honnêteté, pas du tout, plaisante-t-elle. Moi, quand j’étais petite, je voulais être avocate. Ce métier n’était pas une évidence, mais je me suis laissé porter par mes envies.” 

 

Pour Florence, cela signifie d’abord de s’intéresser aux “maths et à la physique”, puis effectuer des études d’ingénieure matériaux chez Polytech Nantes, avec une spécialité soudage. Pour moi, là, ça a été une évidence. Après deux ans de classe prépa, j’avais fait les limites du conceptuel que mon cerveau pouvait accepter et digérer. J’avais besoin de trouver un domaine pratique, du concret, du livrable, d’où les matériaux. J’avais besoin de toucher, de palper, de transformer.”

"Le métier de manager ? Il s'apprend"

Très vite, travailler en équipe conduit Florence à s’intéresser aux métiers techniques. Après un stage chez Airbus en 1996, elle débute sa carrière chez un constructeur automobile spécialisé dans les équipements de sécurité. “Et quand Airbus me rappelle, le recruteur a eu cette clairvoyance que je n’avais pas sans doute à l’époque. ll m’a dit qu’on allait me positionner sur un métier de manager. Moi, je n’étais pas forcément dans cette optique-là, je n’avais pas cette conscience, mais il a eu raison.”

 

C’est en 2000 que Florence intègre Airbus. “Et quel que soit mon poste, j’ai systématiquement fait le choix personnel d’avoir un pied dans une usine. Avoir un pied dans le concret.” C’est sans doute ce qui fait le succès de Florence. Son management est humain, ouvert à la communication. “Le métier de manager, il s’apprend. Moi, je n’ai pas vu de diplôme de métier de manager, car il n’y en a pas. C’est quelque chose qu’on se découvre, peut-être à travers des vies associatives. Qu’on se découvre pendant la vie professionnelle.”

 

Selon Florence, travailler dans une entreprise comme Airbus Atlantic permet justement d’explorer ce type de poste à responsabilités. “L’entreprise dans laquelle je travaille promeut et permet de tenter ces métiers de management. Et ose aussi, parce que c’est une prise de risque, mais je suis convaincue que cette richesse de parcours permet de postuler à des postes très éloignés de notre métier d’origine. Un poste de responsable supply chain quand on a un diplôme matériaux, il n’y a pas de lien, clairement.

 

Et parfois, quand certains de ses proches ou ses collaborateurs lui demandent s’ils sont, eux aussi, faits pour ce type de poste, Florence leur renvoie cette question : “Est-ce que quand vous travaillez en équipe, ça vous donne de l’énergie ou est-ce que ça vous en demande ?” 

Dans l’industrie, “être une femme ne doit pas être un paramètre”

Évidemment, quand on écoute Florence, une question semble évidente : est-ce difficile d’être une femme dans le monde de l’industrie ? Une femme, dans ce secteur souvent perçu comme masculin, rencontre-t-elle encore plus de challenges ?  

 

Florence se souvient que lors de ses cours de soudage, elles n’étaient ainsi que deux femmes. Pour son premier poste dans la construction automobile, aussi. À l’époque, aucun vestiaire n’était dédié aux femmes. Elles devaient donc se partager une pièce faisant office de vestiaire de fortune. 

 

 

Pour autant, Florence insiste, elle n’a jamais ressenti de traitement différent. Elle ne s’est pas sentie bridée dans son ascension, ni plus durement jugée. “Je me suis même interrogée : pourquoi je n’ai jamais ressenti ça ? (…) Je pense qu’il ne faut pas s’arrêter à ça. Il faut s’enlever de la tête qu’on est une femme. Oui, on en est une, mais ce n’est pas un paramètre. (…) Au final, j’ai un parcours ordinaire, que des centaines de personnes ont dans l’industrie au global. C’est la grande force de l’industrie.” 

 

Alors, aux femmes qui aimeraient donc intégrer ce secteur, Florence n’a qu’un seul conseil à donner : “Osez, ouvrez la porte d’une usine et testez-nous !

L’usine, “ça ne peut pas être un je” selon Florence Olivier

Selon Florence, pour travailler chez Airbus, il suffit d’en avoir envie, d’avoir un certain savoir-être, une curiosité, et une écoute afin de comprendre l’autre et les mécanismes qui entrent en jeu. 

 

Quant au travail d’usine, Florence en plaisante bien volontiers. “On n’est pas noir de suie et en débardeur blanc, même si je pense que, dans l’imaginaire collectif, c’est ce qu’une majorité de Français ont en tête.”

 

L’industrie aéronautique, ce sont avant tout des usines de dernière génération, du matériel de pointe. Ce sont des métiers d’une extrême précision. “Tant qu’on n’a pas franchi les portes d’une usine”, estime Florence, on ne peut pas savoir à quoi s’attendre. “L’usine, c’est un métier pour tout le monde. Je vous mets au défi de trouver un endroit où on a besoin d’autant de compétences différentes et de profils différents.”

 

Des profils de toutes sortes, avec beaucoup d’ingénieurs mais pas seulement, qui mettent toutes leurs compétences en commun pour un seul but : livrer des produits d’excellence. Une nécessité de bien s’entendre qui joue au quotidien sur l’atmosphère entre salariés. 

 

“L’industrie, ça ne peut pas être un ‘je’. C’est une ambiance de communauté. Une ambiance familiale, avec ses hauts et ses bas. Au bout du compte, ce qui reste ce sont les hommes, les liens que vous avez créés parce que vous avez pris le temps de connaître les gens. C’est en se connectant qu’on trouve du plaisir”, conclut Florence.

Et maintenant ?

Vous avez envie d’en savoir plus sur toute la variété de métiers qui composent l’aéronautique ? 


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