[MÉTIERS DE FEMMES] Ambre Payan, ingénieure logiciel chez Capgemini : “Le syndrome de l’imposteur touche surtout les femmes. Alors, il faut apprendre à se faire confiance”

Ambre Payan

Les hologrammes, ce n’est pas que dans les films d’anticipation. C’est la réalité (virtuelle !) d’Ambre Payan, conceptrice d’applications chez Capgemini Engineering, à Aix-en-Provence, spécialisée en réalité mixte. Nous avons voulu en savoir plus sur son métier innovant, passionnant, et qui défie les lois de l’imagination. Entretien. 

Vous êtes ingénieure logiciel. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Ambre Payan : Je crée des applications qui sont orientées sur la réalité mixte, c’est-à-dire le mélange de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée.

 

Ce sont des applications qui tournent en général sur des lunettes de réalité mixte : c’est un dispositif avec une visière transparente permettant de voir l’environnement autour de nous, sur laquelle on projette des hologrammes en 3D. Ensuite, on peut interagir directement avec nos mains.

Les hologrammes ? “C’est effectivement assez impressionnant quand on teste pour la première fois”

Des hologrammes ? Vraiment ?

A.P. : Oui, vraiment ! (rires). Ça existe depuis un moment et c’est effectivement assez impressionnant quand on teste pour la première fois. 

 

Dans quel cadre ces applications – et ces hologrammes !- sont-elles utilisées ?

A.P. : Capgemini est un partenaire de la transformation business et technologique de nos clients. Ce qui signifie que nous réalisons des projets pour le compte de nos clients. Moi, je suis dans la branche Capgemini Engineering, qui accompagne de grands groupes dans des domaines variés comme l’aéronautique, le naval, le ferroviaire, l’automobile ou encore l’énergie.

 

Les clients expriment souvent le besoin d’avoir des outils qui se rapprochent le plus possible de leur quotidien. Mon rôle est de faire en sorte que les outils soient faciles à prendre en main et qu’ils répondent réellement à leurs problématiques.

En ce moment, je travaille pour un client qui nous demande de développer différentes applications permettant d’afficher des modèles 3D. Cela peut être le modèle d’une nouvelle pièce destinée à être intégrée à un dispositif existant, comme un engin mécanique, ou la modification d’une pièce déjà en service. 

 

Vous pouvez nous donner des exemples concrets de mise en application ? 

A.P. : C’est donc surtout utilisé pour la conception d’engins mécaniques. Avant de fabriquer certaines pièces, il est essentiel de les concevoir en ayant la vision la plus claire possible de la façon dont elles s’intégreront dans l’ensemble.

 

Un plan sur ordinateur permet certes de visualiser un modèle en 3D, mais il n’est pas à l’échelle 1:1. On n’a pas non plus la perception de l’environnement déjà existant, ni la vision en relief, c’est-à-dire stéréoscopique, qui permet de mieux évaluer la profondeur.

 

Grâce à cette application, le client pourra également tester l’accessibilité d’une pièce. Par exemple, si on place un élément à un endroit précis pour atteindre un câble, est-ce que ça va gêner ? Ce type de visualisation est très important à toutes les étapes de la conception, mais aussi pour la maintenance des appareils, la formation des apprentis mécaniciens et le support aux utilisateurs finaux.

“L'informatique n’était pas une évidence au début”

Ambre Payan

Quelles sont les études que vous avez effectuées pour en arriver à ce poste ? 

A.P. : J’ai fait une école d’ingénieurs, Polytech Marseille, qui fait partie d’un réseau d’écoles d’ingénieurs en France avec une prépa intégrée. Je l’ai intégrée directement après le lycée. La formation était générale au départ. À l’issue des deux premières années, j’ai choisi de m’orienter vers l’informatique. J’ai commencé à travailler il y a 4 ans après mon stage de fin d’études, que j’ai effectué chez Capgemini. À l’issue de ce stage, j’ai signé un CDI !

 

Pour quelle raison avez-vous choisi l’informatique ? 

A.P. : Ce n’était pas une évidence au début. Contrairement à d’autres, je n’étais pas passionnée d’informatique au point de programmer chez moi des jeux, par exemple. Mais par affinité et par élimination des matières qui m’attiraient moins, c’est vers l’informatique que je me suis finalement dirigée.

Selon vous, quelles compétences faut-il avoir pour exercer votre métier au quotidien ?

 

A.P. : Il faut savoir comprendre le client et se mettre à sa place. Quand on est développeur, certaines choses nous semblent évidentes parce qu’on a l’habitude de travailler avec ce type d’outils. Mais pour le client, l’objectif c’est que l’application soit la plus simple et intuitive possible.

 

C’est aussi important d’être pédagogue, car il y a une partie formation dans notre métier. On aide les utilisateurs à prendre en main les outils, surtout dans un domaine aussi spécifique que la réalité mixte. Comme peu de personnes travaillent sur ces technologies, je suis impliquée sur toute la chaîne de production : conception, test de l’application, démonstration et formation des utilisateurs.

“Expliquer notre travail à d’autres personnes nous permet de mieux comprendre son utilité”

Vous êtes ambassadrice sur My Job Glasses depuis environ un an. Qu’est-ce que cela vous apporte ?

A.P. : Ce que j’aime, c’est prendre du recul sur ce que je fais. Quand on est plongé dans un problème technique et concentré sur sa résolution, on perd parfois de vue la vision globale. Expliquer notre travail à d’autres personnes nous permet de le vulgariser et de mieux comprendre son utilité réelle.

 

Votre métier est souvent perçu comme un “métier d’hommes”, non ?

A.P. : En développement informatique, la majorité reste masculine, oui. Chez Capgemini, on essaie d’inclure un maximum de femmes avec des initiatives comme « Women@capgemini ». 

 

C’est un réseau qui propose et soutient des projets pour promouvoir l’égalité au travail. Notamment des initiatives qui permettent d’interagir avec des jeunes, en particulier des jeunes femmes, pour promouvoir les métiers du numérique. Il y a également des formations et des actions pour déconstruire certaines idées préconçues et des biais inconscients. Il y a tout un travail de fond à faire pour prendre conscience de ces biais et mettre en place des actions concrètes pour les compenser.

 

J’ai eu de la chance, car les technologies sur lesquelles je travaille sont relativement récentes et mon équipe est plutôt jeune. On a tous démarré il y a 4 ou 5 ans et il y a de plus en plus de femmes qui arrivent dans l’informatique, ce qui n’était pas forcément le cas il y a 10 ou 20 ans. Dans mon équipe, il y a plusieurs jeunes femmes, même si on n’est pas à 50/50.

 

Justement, quels conseils donnez-vous aux jeunes filles qui vous contactent sur My Job Glasses ?

A.P. : Le syndrome de l’imposteur touche surtout les femmes, dans tous les métiers, mais encore plus dans les métiers à dominante masculine. Alors je leur dis qu’il faut apprendre à se faire confiance. 

 

Si c’est un domaine qui les intéresse, je leur dis de persévérer. Il ne faut pas se dire que, parce qu’on est une femme, on ne sera pas bonne là-dedans. Je leur dis : Si quelque chose te plaît, alors mets la barre plus haut et donne-toi les moyens d’y arriver.

Et maintenant ?

Le métier d’ingénieure logiciel vous intrigue ? Les hologrammes vous passionnent ? N’hésitez pas à en apprendre davantage en contactant des ambassadrices ou des ambassadeurs qui exercent des métiers dans la tech

 

Vous n’êtes qu’à un clic de changer (littéralement ) de réalité !